Immigration et bilatérales, mon opinion ?

Afin de présenter les candidats au CN, le Journal du Jura leur demande de répondre à deux questions. Vous trouverez ici la version longue. La version courte apparaîtra dans le quotidien.

1. Au vu de l’afflux actuel – et sans doute futur – de requérants d’asile, la Suisse doit-elle se montrer plus ouverte, ou au contraire plus restrictive ?

On ne peut pas prétendre se prévaloir de valeurs chrétiennes (ou analogues) et vouloir dans le même temps fermer les yeux sur la misère et la souffrance des émigrants prêts à risquer leur vie pour un sort meilleur. Ma famille et moi-même avons vécu une situation similaire.

Dans le même temps, on ne peut pas ignorer 1 millions de pauvres en Suisse, selon Caritas, dont bon nombre de familles monoparentales, le plus souvent assumées par des femmes. Certains de ces pauvres prétendent ne recevoir aucune aide en raison de leur nationalité suisse. Comment justifier socialement parlant une prise en charge nettement plus importante d’immigrants que de nationaux ?

On ne peut pas non plus ignorer les difficultés économiques actuelles (à la fois conjoncturelles de par le taux de change, le taux de déflation, les taux d’intérêt et structurelles en raison de la compétition exercée par des pays émergents de plus en plus concurrentiels) qui n’incitent pas les entreprises ou entrepreneurs à faire preuve de beaucoup de générosité envers leurs employés ou dans le paiement des impôts. En effet, les milieux économiques réclament une rapide réforme fiscale III des entreprises afin d’alléger leurs coûts de production.

La réponse est simple : dans l’urgence, nous avons certes un devoir humanitaire d’accueil. Mais à moyen et long terme, il faut trouver une solution plus intelligente que de soit accueillir plus de monde, ou soit fermer nos frontières. Il faut dépasser les deux mauvaises alternatives que nous suggère la question et aller aider là où notre pouvoir d’achat est fort, là où les citoyens seraient heureux d’avoir plus de travail, là où la paix et la sécurité règnent, car les migrants nous disent vouloir rechercher avant tout la paix et la sécurité pour survivre et vivre.

Développons donc des coopérations à moyen et long terme avec des pays limitrophes comme la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie pour que les locaux, heureux de finalement avoir un emploi sur place, qui plus est utile, installent des villages, des commerces, des services de santé, des transports pour accueillir les migrants, les stabiliser et leur laisser le choix de rejoindre leur pays d’origine lorsque celui-ci se portera mieux ou de s’installer définitivement, ou encore finalement un jour de rejoindre la Suisse ou l’Europe. Ce qui parle en faveur de stations intermédiaires d’accueil, c’est aussi de moins grandes différences culturelles, de confession (certains de ces pays limitrophes sont de confession majoritairement musulmane), climatiques et alimentaires entre les pays d’accueil potentiels et les pays d’origine.

A quoi bon, me direz-vous, si finalement les migrants viennent quand même chez nous ? Eh bien, ouvrons des écoles suisses ou européennes et soumettons leur admission (tant des hommes que des femmes) dans nos frontières à l’obtention d’un diplôme reconnu en Suisse ou en Europe. Ainsi nous parons au plus urgent en leur offrant dans les pays limitrophes des conditions de vie aussi décentes que celles que nous leur offririons en Suisse, mais à moindre coût, ce qui signifie que nous pourrions venir en aide à plus de monde. En les stabilisant dans une zone intermédiaire, peut-être que certains feront le choix de rester sur place ou retourner un jour dans leur pays d’origine. Et ceux qui nous parviendront seront formés et viendront contribuer à notre économie sans concurrencer nos propres forces de travail locales. Notre pays y gagnera en bonne renommée. Il s’agit d’une solution de laquelle les migrants, notre pays, les pays européens et les pays d’accueil potentiels ressortiraient gagnants.

C’est ce genre de solutions, urgentes et nécessaires au développement harmonieux de la Suisse, de l’Europe et du monde, que je veux développer au niveau fédéral si je peux être élue sous la Coupole. Notre pays a besoin d’idées nouvelles. Je peux les amener, d’autres se chargeront de les réaliser.

2. Le oui à l’initiative « contre l’immigration de masse » menace le maintien des Accords bilatéraux avec l’UE. Souhaitez-vous l’application à la lettre des dispositions prévues ou faut-il au contraire sauver à tout prix les bilatérales, en acceptant par exemple l’initiative « Rasa » ?

L’initiative contre l’immigration de masse aura eu le mérite d’ouvrir les yeux à nos hauts responsables sur les réalités que traverse la Suisse depuis Schengen.

Plus d’emplois, d’accord, plus de PIB, d’accord, mais plus de mal pour les femmes  et mamans à trouver un emploi (hors celles-ci votent depuis 1971), puisqu’il est devenu facile de préférer embaucher un jeune cadre européen qui travaillera à 120% et retournera peut-être chez lui au moment de fonder une famille.

Par contre, pas plus de PIB / habitant, mais plus de congestion dans les transports, dans les espaces récréatifs naturels. Et très peu d’enfants parlant une langue nationale dans les jardins d’enfants à Bienne, avec toutes les difficultés scolaires qui s’ensuivent pour les nationaux, etc.

Oui, Schengen entraîne des problèmes pour la population suisse, mais nos édiles vivent loin de ces problèmes et ne sont pas personnellement touchés, voire ils profitent de l’ouverture de la Suisse.

Par contre, je ne fais pas mystère de mon europhilie. Ayant vécu à Bruxelles, je sais combien cette EU qui nous semble chaotique et fragile est dans le fond l’expression de la volonté de plusieurs nations. Je mesure mieux que d’autres sa taille et sa force. Sans compter l’aspect commercial que l’on peut mesurer dans notre balance des paiements. Ou les échanges scientifiques si nécessaires à l’innovation, incomparable créatrice d’emplois.

La Suisse se doit d’aller de l’avant en tenant compte de son nouvel environnement. La cure d’amaigrissement de l’AELE en est une donnée, l’élargissement de l’UE une autre.

Dans le cas contraire, la Suisse risque de devenir à l’UE ce que Monaco est à la France : au mieux, un rocher mondain, au pire, un résidu moyen-âgeux.

Donc oui, nous devons maintenir, renforcer, améliorer les accords bilatéraux, mais nos dirigeants doivent mieux tenir compte des difficultés quotidiennes qui accompagnent une croissance démographique mal maîtrisée.

Le problème réside plutôt dans la répartition des compétences que dans la négociation d’accords bilatéraux. Les traités internationaux sont du ressort de la Confédération, la résolution des irritations populaires est de la compétence des communes avant tout. Hors si la Confédération demande de réduire la dette publique, c’est-à-dire demande aux cantons de dégager des excédents budgétaires, qui eux-mêmes demandent aux communes de dégager des excédents budgétaires, les mesures d’économie locales tombent au plus mauvais moment, celui où les efforts demandés à la population résidente s’accompagnent de mesures d’économie de toutes sortes, par exemple, la loi portant sur l’insertion d’enfants sujets à des handicaps variés dans des établissements déjà confrontés à beaucoup d’allophonie, et de multi-culturalisme.

D’où ma proposition de laisser remonter la dette publique suisse de 35% du PIB aujourd’hui à 50% du PIB, comme en 2003, alors que les USA et l’UE connaissent une dette publique de 110% (en moyenne pour l’UE). Nous aurons quand même encore une économie très singulière, mais un peu plus de marge pour que les communes, dans leur proximité avec les citoyens, puissent venir panser les plaies de ceux qui subissent l’ouverture des frontières comme un châtiment, et se révoltent contre cette politique d’avenir et d’ouverture.